S'exprimant en octobre 2022 devant des étudiants, le chef des affaires étrangères de l'Union européenne, Josep Borrell, a comparé l'Europe à un jardin, "meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale que l'humanité ait pu construire…La majeure partie du monde est une jungle et la jungle pourrait envahir le jardin." Vu d'un autre point de vue, ce n'est plus le "jardin" qui développe la liberté en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Yougoslavie et ailleurs. Il est désormais ressenti comme menacé. Une façon de reconnaître le nouvel ordre mondial
Freedom house, ONG occidentale, fournit des chiffres. Seulement 20 % de la population mondiale vivrait dans des pays "libres", la mondialisation s'essouffle, la relocalisation et le découplage sont les mots d'ordre du jour et le protectionnisme monte dans de nombreuses régions du monde. C''est dire la même chose d'une autre façon. Le FMI et la Banque Mondiale ne façonnent plus le monde.
Les stratèges de l'OTAN le disent à leur manière en mars 2022 "Nous vivons dans un monde façonné par une politique de puissance brute, où tout se désagrège, l'instrumentalisation des migrants, la privatisation des armées, la politisation du contrôle des technologies sensibles. . . la dynamique de l'échec de l'État, le recul des libertés démocratiques ainsi que les attaques contre les "communs mondiaux" du cyberespace, de la haute mer et de l'espace extra-atmosphérique. En 2003 le même type de document était triomphal : " L'Europe n'a jamais été aussi prospère, aussi sûre ni aussi libre. La violence de la première moitié du XXe siècle a fait place à une période de paix et de stabilité sans précédent dans l'histoire européenne." C'est reconnaître en 19 ans l'effondrement du libéralisme financiarisé mondialisé.
Ces prises de conscience ne conduisent pas à remettre en cause ce libéralisme
Biden est moins pessimiste et les dirigeants européens vassalisés ne modifient pas pour autant une stratégie de sanctions contre-productives et de gaspillage financier dans une guerre qu'ils savent ne pas pouvoir gagner. Ce serait renoncer aux privilèges de la finance mondialisée, qui ont conduit à une accumulation capitaliste comme le monde n'en avait JAMAIS connu.
C'est l'enjeu de la bataille d'idées qui se déroule actuellement autour de l'Ukraine. Ou la gauche le comprendra ou elle sera entraînée dans le déclin et la catastrophe sociale. Comprendre que le monde change et s'adapter, telle est la seule stratégie d'avenir. Cela suppose EN FRANCE, de combattre les privilèges et non de les contourner.