Comme on vit plus vieux il n’y aurait plus suffisamment d’argent pour payer les retraites. Macron ne fait que reprendre quasi mot pour mot le slogan de tous les gouvernements qui l'ont précédé et … les désirs du MEDEF à travers l’Union Européenne du Capital au nom des critères de convergence de Maastricht. L'AGE DE DEPART SERAIT FONDAMENTAL.Examinons les faits.
LE VIEILLISSEMENT EST INCONTESTABLE
Mais le raisonnement, qui apparait logique et simple est faux et simpliste . La base du raisonnement, “on vit plus vieux maintenant qu’en 1950, donc on doit travailler plus longtemps qu’en 1950 avant d’accéder à la retraite” repose sur le principe suivant : du fait du vieillissement de la population, si on ne recule pas l’âge de départ à la retraite, les actifs deviendraient trop peu nombreux pour réussir à financer les retraites.
- L’évolution favorable de l' espérance de vie à la naissance ne doit pas faire oublier que l’espérance de vie en bonne santé, elle, stagne et demeure inférieure à 65 ans. Comment peut- on souhaiter faire travailler des personnes au-delà de 65 ans alors qu’elles auront des problèmes de santé ?
- hier 10 actifs devaient financer par leur travail 2.7 retraités (personnes de plus de 60 ans) et 3.8 enfants et étudiants. Aujourd’hui 10 actifs doivent financer 5.2 retraités si l’âge de la retraite était à 60 ans Soit une augmentation de 132 % si on isole les retraités.
- En réalité hier 10 actifs devaient financer par leur travail 3.6 retraités (personnes de plus de 60 ans) et 5 enfants de moins de 14 ans. Aujourd’hui 10 actifs doivent financer 5.9 retraités soit le double si l’âge de la retraite était à 60 ans et 5.4 jeunes de moins de 19 ans. Mais en ajoutant les jeunes 10 actifs financent 11.3 non actifs en 2019 contre 10 actifs finançant 8,6 non actifs en 1950.
L'ELEVATION DE LA DUREE DE LA SCOLARITE
Une autre donnée bouleverse toutefois la donne : les emplois dans presque tous les domaines exigent une formation théorique préalable de plus en plus élevée et en tout cas beaucoup plus élevée qu'en 1950. Ce n'est pas à 16 ans ou 18 mais entre 23 et 25 ans qu'un jeune occupe son premier emploi et parfois plus tard. A 60 ans cela donnera 35 ans d'activité en moyenne , insuffisants pour une retraite complète aux normes imposées actuellement .
LE VRAI ENJEU EST DONC LE PARTAGE DE LA RICHESSE PRODUITE
Si l'on prenait en compte la productivité du travail, en forte hausse (un actif produit beaucoup plus en 1 heure de travail qu'en 1950) et la progression de la richesse produite (PNB) la propagande de Macron s'effondre. Le problème du financement des retraites n’est pas un problème de proportion de la population ayant plus de 60 ans. La problématique est plutôt la suivante : produit-on suffisamment de richesses pour payer des salaires suffisants permettant à chaque travailleur de percevoir un salaire différé à partir de 60 ans et jusqu’à la fin de ses jours ?
Mesurée par le PIB* (produit interieur brut) qui ne tient pas compte de la fraude et de l'évasion fiscale , la richesse de la France n’a cessé d’augmenter, pour atteindre 2353 milliards d’euros en 2018. De 6715€ par habitant en 1950, la richesse produite est désormais de 31740€ par habitant en 2018 ! Une augmentation de 373%.
Récapitulons les chiffres. Le nombre d’inactifs pour un actif a augmenté de 76% entre 1950 et 2019, mais la richesse produite par les actifs a elle augmenté de 373%.
C’est ce qui explique pourquoi depuis 1960, nous avons pu multiplier par 4,5 les dépenses de pensions de retraites. En effet, la richesse produite double environ tous les 40 ans.
Mais alors vous vous demanderez pourquoi y a-t-il un déficit dans les caisses de retraites ?
- Le premier problème est celui du chômage. Car la différence d’avec “avant”, c’est bien le chômage qui atteint en 2019 toujours un niveau record de 6,5 millions de chômeurs. Or, par définition, les chômeurs non indemnisés n’entrent pas dans l’assiette de collecte des cotisations retraites. L’urgence pour assurer le bon équilibre du système de retraite par répartition c’est donc bien de faire baisser le chômage. Or, c’est exactement l’inverse que produit un recul de l’âge de départ à la retraite, que ce soit par introduction d’un age pivot, l’augmentation du nombre de trimestres travaillés ou du montant cumulé des cotisations. En effet, obliger les plus de 60 ans à se tuer au travail c’est fermer la porte aux jeunes de moins de 25 ans dont aujourd’hui plus d’un sur quatre est au chômage !
- Le second problème c’est celui de la cotisation sociale. Il faut ici rappeler une évidence trop souvent oubliée. La cotisation sociale n’est pas un impôt. C’est du salaire. Certes du salaire qui ne tombe directement dans le compte en banque du travailleur, mais un salaire mutualisé et différé touché par l’ensemble des travailleurs à travers les prestations sociales de la sécurité sociale : les allocations familiales, les remboursements sécu, la pension de retraites par exemple. Or, l’augmentation considérable de la richesse produite par les travailleurs, que traduit l’augmentation considérable du PIB, ne s’est pas traduite par une augmentation de la part patronale des cotisations sociales. Ce qui signifie que c’est le patron qui empoche la majeure partie de l’accroissement des richesses produites par chaque salariés. Il suffit d’observer la croissance continue des dividendes et la stagnation, voire la baisse de salaires pour s’en convaincre. Sans compter que depuis des années les gouvernements successifs ne cessent de produire des “allègements” de cotisations sociales (patronales), créant directement un trou dans les caisses de la sécu, c’est-à-dire faisant les poches des travailleurs, pour remplir les coffres des patrons. Et ce sont ces mêmes patrons qui prennent ensuite prétexte du trou de la Sécu qu’ils creusent avec application. Cyniques, ils en prennent argument pour réduire les niveaux des pensions de retraites, en reculer l’âge, réduire les remboursements sécu etc...
Conclusion, de l’argent pour les retraites, il y en a, et c’est celui des travailleurs !
Henri AUSSEIL (s'est aidé de l'article dans 100 paroles de Jean BAPTISTE en y ajoutant la durée de la scolarité)