Les intermittents viennent de remporter un grand succès. Ce "résultat du dialogue social " selon la ministre de la culture doit en réalité tout à la lutte . Les "saboteurs inconscients sciant la branche sur laquelle ils étaient assis" sont désormais présentés comme des négociateurs réalistes. La langue de bois frise le ridicule.

C'est le premier recul du pouvoir social libéral depuis bien longtemps. Peut être conçu par Valls comme un contre feu à d'autres incendies il est la preuve éclatante de ce que peut une action d'envergure. Ce recul s'accompagne de provocations policières orchestrées par notre gôche contre les manifestations, preuve s'il en est qu'il serait de courte durée si le mouvement s'étiolait. Ce qui est en cause c'est la baisse de la rémunération du travail pour grossir le profit financier. Ce qui est visé c'est la séparation de l'Etat et du MEDEF. Rien moins que ça !

Merci aux intermittents d'avoir prouvé que gagner est possible, merci aux syndicats de lutte, à Nuit Debout, aux lycéens et étudiants , aux signataires de l'appel , aux citoyens en lutte d'avoir lutté pour cette victoire de quelques uns, qui en appelle d'autres de plus grande envergure encore . Et vive un premier mai de folie !

Le 29 février ce "philosophe éclairé" déclarait : "Pour encourager un chef d'entreprise à embaucher, il faut lui permettre de licencier sans trop de dommages, c'est ce à quoi vise la loi El khomri". Il est donc particulièrement qualifié pour la combattre.

Vaillant défenseur de l'humanisme il a naguère traité l'équipe de France de Football de "black, black, black" , ce qui était peut être un compliment au second degré, allez savoir.

Partisan fervent de la redistribution des richesses il a fustigé les Antillais "qui vivent de l'assistance de la Métropole".

La révolte des banlieues est "un pogrom antirépublicain", pour ce défenseur des valeurs républicaines

Le vent tournant, la girouette a cru pouvoir faire don de sa personne à Nuit Debout. Conspué comme il se doit il est intéressant de voir qui le défend : le ban et l'arrière ban du libéralisme, pur ou délayé.

Mais voyons le bon côté des choses. Quand un personnage de cette trempe cherche à s'immiscer dans le mouvement émancipateur , c'est que le vieux monde se craquèle.

Souvenez-vous : il y a à peine quelques semaines il n'était question que du FN et de la déchéance de nationalité, terrain balisé pour que rien ne change en utilisant la peur et le découragement . Le social- libéralisme croyait à son avenir .

il aura suffi d'une pétition sur internet (si vous ne l'avez pas fait signez là, il est toujours temps ) qui a recueilli à ce jour 1 300 000 signatures, de la mise en action de la base syndicale, de l'intervention de la jeunesse, pour que les faux-semblants et les fausses oppositions se volatilisent.

Une partie de la police (tous les policiers ne sont pas à mettre dans le même sac) a beau matraquer les lycéens, les médias aux ordres ont beau parler de reflux, la petite musique des concessions insignifiante a beau être insistante RIEN N'Y FAIT.

Au contraire , à entendre les lycéens des quartiers discriminés, au delà de la loi travail c'est leur existence quotidienne qui est remise en cause. On voit par la pratique comment fonctionne le mouvement : face à l'autisme le niveau des revendications progresse , rendant de plus en plus difficile la récupération.

Le 28 avril est en préparation, et d'autres journées suivront. Le 1er mai devrait être grandiose. Les formes inventées chaque jour sont prodigieuses d'intelligence car elles permettent de durer nuit et jour et d'occuper le devant de la scène.

Il reste à construire le débouché politique car il n'y a pas que le PS qui soit autiste. Mais la voie est tracée, les contenus incontournables s'imposent, le grand rassemblement est en marche.

Henri Ausseil

Dans une variante de l'expression française "quand les poules auront des dents", Fidel Castro avait prophétisé (sans y croire) en 1973 :" nos relations avec les USA s'amélioreront quand le Président sera noir et le Pape sud-américain".

L'impensable a pourtant eu lieu. De même à Athènes lors d'une réunion regroupant toutes les gauches qui refusent le libéralisme nous avons entendu un responsable syndical belge énoncer ce pour quoi nous nous battons dans ce blog.

" Les gens ont besoin d'un projet pour gagner et non d'un projet pour ne pas perdre. Il est temps de s'allier entre syndicats, partis politiques, intellectuels, agriculteurs, journalistes, et surtout avec les jeunes pour endiguer la perte accélérée de nos acquis sociaux."

Nous ajouterons personnellement à cette liste le mouvement citoyen et l'intervention massive de toutes les victimes de l'ordre libéral, Intellectuels et journalistes étant des porte voix et non les moteurs.

Le temps est à l'audace. L'impossible peut devenir possible et l'humain l'emporter sur l'argent.

Mais il faut pour cela avoir le courage de renoncer aux vieilles pratiques qui "sauvent les meubles" ...et ouvrent la voie au Front National.

Henri Ausseil

3 élections législatives partielles qui ont eu lieu dimanche 13 mars ont donné des indications sur l'état de la vie politique actuelle. Il s'agissait de choisir trois représentants au plus haut niveau de la souveraineté de la Nation. 25 % se sont déplacés. Le désaveu est massif et prévisible.

Le PS s'effondre certes, ce n'est pas une surprise. Mais la vraie gauche n'en profite pas du tout. Il lui arrive même de se déchirer dans des combats de nains conduisant à l'insignifiance.

Il serait temps que les états-majors ouvrent les yeux : les "abstentions constructives" lors des votes de budgets de récession dans les assemblées départementales sont prises par les Français pour ce qu'elles sont : l'absence de lutte réelle pour un autre avenir. Les primaires aboutissant à un candidat unique de la gauche qui ne pourra être dans le meilleur des cas qu'un autre Hollande si ce n'est Hollande lui-même sont prises par les français pour ce qu'elles sont : l'absence de lutte crédible pour un autre avenir.

Cette perte de confiance dans les institutions, contraste avec le dynamisme du combat contre la loi du travail mal payé. Le temps de l'autisme devrait être terminé , et les bases d'un rassemblement novateur écartant les calculs boutiquiers être rapidement construites, si nous voulons que nos discours et nos actes coïncident.

Henri Ausseil