Nous vivons une étrange période, où les invisibles commencent à occuper le devant de la scène. Un évènement fondamental s'est produit de 1950 à 1952 à l’hôpital psychiatrique de Mende , Saint Alban, dans le silence durable des médias .
Tosquelles, psychiatre catalan espagnol fuyant le franquisme y a trouvé un poste , probablement parce qu'il intéressait peu les Français. Il y croise Frantz Fanon , tout jeune psychiatre antillais noir de peau qui vient de découvrir qu'un héros de la résistance aux Antilles est en France un noir victime du racisme. Dans cette terre de chouans et de paysans terrorisés par l'homme au couteau entre les dents qui va leur confisquer leur terre, le hasard de l'histoire fait que deux réflexions révolutionnaires vont se croiser et s'influencer. Tosquelles rêve de laisser sortir les "fous" que l'on enferme depuis Colbert pour les soigner. Fanon découvre que l'hôpital qui enferme ressemble au colonialisme. Il ne fait pas qu'enfermer, il persuade le fou qu'il est fou , enfermement bien plus grave que le premier. De même le colonisé se perçoit comme inférieur. Fanon ira au bout de sa pensée dans la guerre d'Algérie avec le FLN mais il meurt en 1961.
Mende a donc doublement influencé le monde entier. Plus aucun hôpital n'enferme tous les malades et les idées de Fanon sont vivantes dans les pays émergents, surtout en Afrique et en Nouvelle Calédonie.
Il est important que vous ne soyez pas le dernier ou la dernière informés, le cas échéant. Et cela risque de changer votre regard condescendant sur la Lozère.
HA