Macron trouve un outil pour diviser

Le port par des lycéennes ou des étudiantes de la longue robe noire (abaya) est un phénomène anecdotique,   une centaine de  collèges pour toute la France dans un tout petit nombre de départements c'est à dire  rien statistiquement parlant.

  Macron choisit d'en faire  LE gros problème de notre école qui pourtant en compte beaucoup de bien plus graves. Un gros avantage c'est que cela ne coûte rien.

  Il va s'appuyer sur le sentiment de beaucoup de gens à gauche comme à droite  qu'il s'agit d'un attentat contre l'intégration dans la nation.

  Ils devraient au contraire se demander pourquoi  l'école française faillit à sa tâche de toujours : être une arme pour ceux qui n'ont rien . Le vieux professeur que je suis n'approuve pas cette mise à l'écart volontaire ou pas, peu importe. Mais je sais aussi que l'école n'y est pas pour grand chose : une porte qui ne s'ouvre pas à la peau basanée, le contrôle au faciès de trop, le marché libre de la drogue qui s'étale devant chez soi et pas ailleurs, la discrimination au logement et au travail  créent dans les banlieues  populaires des phénomènes identitaires et de rejet de la nation. Au lieu de traiter le problème  avec la délicatesse exigée, Macron choisit le bazooka. Le laïque Delafosse qui ne veut pas de femme en foulard à son conseil municipal lui emboîte le pas.

   C'est que la capacité du PCF à reconquérir ou non les quartiers populaires est la clé de l'avenir.  Et cela terrorise  les partisans du statu quo. Diviser pour régner est une pratique des privilégiés vieille comme le monde.

La responsabilité de la vraie gauche est donc immense : faire comprendre les enjeux sans passer pour des partisans de pratiques vestimentaires  discriminatoires, ce qui nourrirait l'extrême droite .   Nous ne défendons pas l'abaya, nous défendons l'unité des exploités.

Les jeunes musulmanes font le choix de s'habiller comme elles l'entendent. C'est ce qu'ont fait les paysannes françaises pendant des siècles avec leurs habits que le folklore célèbre.    Cela a même survécu à notre grande révolution. Et alors ?   Cela a-t-il empêché la  chute des privilèges de la noblesse ?

Le vrai problème n'est pas comment nous nous habillons mais comment nous entrons dans le XXI° siècle, en avançant ou à reculons.

Henri Ausseil