La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, imperturbable a déclaré ."Il n’y a pas d’alternative au dollar en raison de la force et du rôle de l’économie des États-Unis, [de leur] système économique"
SWIFT dispose seul de statistiques sur les devises des transactions internationales. Donc les opérations internationales qui ne passent pas par lui sont invisibles. Lorsque SWIFT affirme que la part totale des transactions en dollars et en euros est située autour de 80% il ne ment pas. Mais une partie de la réalité lui échappe.
- SWIFT a pu observer récemment une chose extraordinaire : le volume des transactions en euros a fortement chuté, passant d’un niveau de 33-38% à 22,4% en mars et à 11,5% en avril. Cette chute est inexplicable puisque l'Euro n'a pas disparu du marché international. Le lien avec les sanctions est évident. L'Europe passe moins qu'avant par SWIFT et le dollar. Les procédés employés pour échanger avec des roubles sont opaques pour SWIFT. Mais il y a dédollarisation de fait.
- Les statistiques sur les réserves de change des pays , elles , sont fiables . Et que disent-elles ? La part du dollar américain dans les réserves mondiales est passée de 71,5 % au premier trimestre 2000 à 59 % au premier trimestre 2023. Certes la part de la livre sterling (de 2,92 à 4,85%) et du yuan (de 0 à 2,58%) lié sau dollar, augmente. Mais + 7,4 % ne compense pas - 12,5 %.
- L’année 2022 a été une année record pour les achats d’or par les banques centrales mondiales. la Russie ,, la Chine , La Turquie, l’Inde, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et l’Arabie saoudite sont les plus gros acheteurs. Il est possible de conjecturer que c'est une façon de se débarasser du doillar devenu une arme dans la guerre froide et non une volonté de revenir à l'étalon or.
- La Russie et la Chine travaillent depuis longtemps à réduire la part des paiements pour les opérations de commerce extérieur en dollars et à passer aux paiements en devises nationales . La Russie directement visée l'a fait par la force des choses. Mais la vente de gaz à l’Europe " contre des roubles" n'est est comptabilisée Elle n'en existe pas moins. . En septembre 2022, Gazprom a signalé qu’une transition vers les paiements des fournitures de gaz russe à la Chine en devises nationales – roubles et yuans – avait été effectuée. Outre la Chine, la Russie a un accord avec l’Inde sur le commerce des roubles et des roupies, beaucoup plus aléatoire pour le moment parce que l'Inde ne vend pas assez à la Russie pour compenser. La Chine a des accords sur le commerce en yuan avec le Brésil et un certain nombre d’autres pays. La Chine achète depuis longtemps du pétrole iranien contre des yuans et vient de passer un accord avec l'Arabie Saoudite dans le même sens.
- L’expansion des paiements en yuan – et pas seulement pour les exportations de matières premières, mais en général pour les opérations de commerce extérieur – est également indiquée par les petites banques russes, vers lesquelles une partie des paiements internationaux transite après que les grandes banques russes soient tombées sous sanctions.
- L’Inde tente de suivre le rythme de la Chine. Avec la Malaisie à compter du 1er avril 2023 le commerce se fera désormais en roupies. C'est 129,4 milliards de dollars qui échappent désormais au dollar. Selon Bloomberg, l’Inde et l’Indonésie envisagent également de procéder à des règlements bilatéraux en devises nationales et de connecter leurs systèmes de paiement rapide pour encourager les transferts transfrontaliers.
Tous les signes vont dans le même sens. L'abandon de SWIFT et du dollar dans le commerce mondial.
Les BRICS envisagent carrément une monnaie mondiale.
Au sommet des BRICS au Cap en août 2023, il en sera question.
- Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a proposé à plusieurs reprises de réfléchir à sa création. Début juillet 2023, les médias indiens ont diffusé une déclaration du ministre des Affaires étrangères Subramanyam Jaishankar selon laquelle le pays n’envisageait pas une monnaie des BRICS contrairement à la Russie par la base économique.
- Selon le FMI, le PIB total (en PPA) des BRICS en 2020 a dépassé 31 % du PIB mondial ; il a dépassé le PIB total des pays du G7 . A titre de comparaison, en 1980, un an après l’adoption officielle de l’ECU (ECU), la part du PIB (selon la PPA) des pays de l’UE s’élevait à 25,85% du monde. Le tableau peut être complété par les taux de croissance du PIB réel des leaders économiques de ces blocs bien plus élevé que celui de l'occident. Il existe donc une base économique pour introduire une monnaie commune.
Quel est le hic ?
les BRICS pour le moment sont une union d’intégration qui n’a pas les fonctions d’union douanière et monétaire, sans lesquelles il est impossible de créer une monnaie unique supranationale. Il serait donc plus juste de parler de la création d’un instrument supranational de règlement et de compensation. Il a fallu plus de vingt ans à l’Union européenne pour créer l'Euro supranational.
Au sein des BRICS se développe un autre possibilité de paiement basée sur les biens disponibles. Le pétrole, le gaz, les métaux précieux et les terres rares, les céréales, l’étain, le titane, le chrome, l’uranium, le lithium et d'autres biens sont concernés. Ces actifs, selon l’Institut de recherche IFIT, pourraient inclure aussi les droits de tirage spéciaux du FMI et devenir la base de la constitution de réserves de matières premières et de devises. La monnaie pourrait être émise sous la forme d’actifs financiers numériques, sous la forme d’une monnaie agrégée (synthétique), tandis que la Nouvelle Banque de Développement pourrait agir comme un centre d’émission pour émettre et contrôler la circulation d’un nouveau moyen de paiement.
Conclusion : Les Etats –Unis ont commis une erreur monumentale en s'imaginant pouvoir utiliser le dollar comme une arme contre la Chine et la Russie. Le commerce (y compris celui de leurs alliés et de leurs capitalistes) a besoin d'une monnaie fiable acceptée de tous. Le processus de la mort du dollar monnaie mondiale est donc enclenché.
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