Evitons les malentendus. De même que sa descente aux enfers, sa remontée doit beaucoup à une bataille des idées qui le dépasse.
Dans les années 80 Yves Montand ou Tapie répétaient ce que les néo conservateurs expliquaient en Amérique depuis 10 ans : la lutte des classes est une invention des communistes, patrons et salariés ont les mêmes intérêts, la crise qui détruit des emplois est bénéfique puisqu'elle annonce un avenir radieux. Le capitalisme est la fin de l'histoire. En Italie, en Espagne , au Portugal ou en Allemagne les partis communistes ont sombré, de manières diverses mais comparables.
En 2023 83% des Français pensent que la lutte des classes est une réalité. Et ils sont 50 % chez les Républicains à le penser, peut être pour le craindre. Ils reviennent de loin. Mais le capitalisme rentier y a mis du sien. Il a détruit l'école, la santé et les services publics, multiplié les guerres inégales, accumulé les richesses entre quelques mains d'une manière que l'histoire n'avait jamais connu.Et à l'autre bout accumulé une misère que certains jugent encore incompréhensible. Et pour survivre il lui reste le racisme qui divise, la violence et la peur, et le coup d'état permanent pour que les institutions lui restent favorables. Ce bilan peu flatteur a forcément des effets "pédagogiques".
Mais l'hégémonie a des beaux restes. L'assimilation du PCF au goulag fait de la résistance, le piètre score de Fabien Roussel aux présidentielles en témoigne. Et pourtant l'histoire s'accélère. Le sondage de l'IFOP à l'occasion du congrès de Marseille en témoigne.
Le poids de l'histoire pèse encore lourd. 61 % associent le PCF à l'échec de l'URSS et à la dictature. Mais chez les jeunes ce n'est déjà plus que 51 %.
Et désormais pour 26 % le PCF est lié au partage des richesses, pour 16% à une société où l'homme n'est plus exploité. Et 80 % sont communistes sans le savoir qui jugent que les secteurs comme la santé, l'éducation, le logement ne devraient pas être soumis à la concurrence.
De l'avis du sondeur, l'image du PCF bouge "de façon spectaculaire". Les Français restent 42 % à penser qu'il va disparaître mais ils étaient 58% en 2010 .
Quant à la popularité de Roussel un chiffre la résume. Pour 54 % des sympathisants de gauche il incarne l'avenir de la gauche.
Qu'en conclure ?
Au moment où la grande question que doivent affronter les communistes c'est comment, en s'appuyant sur ce qui a grandi dans la société avec le mouvement social il faut constituer une majorité politique, c'est à dire réconcilier les Français et la politique, le temps n'est pas aux congratulations.
Beaucoup de chemin reste à faire, à l'interne et à l'externe, mais le travail de fourmi commence à payer, et dans la bataille des idées, personne d'autre que le PCF ne représentera plus le PCF et sa spécificité. Et c'est bon pour le rassemblement.