La dernière décision politique majeure prise par la Chine fin 2022 a été la nomination d'un nouveau ministre des Affaires étrangères. Le 30 décembre, son ambassadeur aux États-Unis, Qin Gang, a été nommé ministre des Affaires étrangères de la Chine. Qin Gang a fait de son mieux pour maintenir les liens entre les deux superpuissances aussi amicaux que possible pendant son relativement court, mandat de dix-sept mois à Washington DC. Qin Gang y est allé fort dans ses premières déclarations : "J'ai été profondément impressionné par tant d'Américains travailleurs , amicaux et talentueux que j'ai rencontrés », affirmant en outre qu'il s'était « fait de nombreux amis à travers les États-Unis ». Il a promis de "soutenir la croissance des relations sino-américaines" en sa qualité de nouveau ministre des Affaires étrangères chinois. L'appel du pied est évident.
En réponse le 4 janvier Biden a envoyé une délégation commerciale à Taïwan dirigée par Terry McCartin, le représentant américain adjoint au commerce pour les affaires chinoises. Il n'y a pourtant pas de relations officielles entre les États-Unis et Taïwan, car Washington considère officiellement l'île comme faisant partie de la Chine. C'est donc reconnaître de facto cette indépendance et provoquer la Chine. Yang Jen-ni, représentant commercial adjoint de Taipei, dirigera les délégations taïwanaises, qui comprendront également des fonctionnaires d'autres départements. Cela implique clairement que la réunion comprendra plus que de simples négociations commerciales. Les États-Unis visent à pousser les entreprises basées à Taiwan à déplacer des installations en Amérique, tout en sanctionnant l'industrie chinoise des micropuces, C'est l'hégémonie maintenue dans le cadre de la deuxième guerre froide.
C'est ignorer la réaction possible de l'adversaire. Dans une partie d'échecs suivre son plan sans se préoccuper de ce que peut faire l'autre a conduit à bien des défaites. Taïwan commerce plus avec la Chine qu'avec les USA. Et l'exemple de Hong-Kong qui a tenté l'épreuve de force est instructif. Les évolutions de la presse chinoise sont significatives. Elle passe de "s'entendre est la seule voie raisonnable" à " croire s'entendre avec les Etats-Unis est utopique." Ce qui signifie des contre sanctions.
Toute la question est de savoir à qui profitera ce refus américain de négocier d'égal à égal avec la Chine donc de reconnaître son émergence. Le blog n'est pas persuadé que les Etats-Unis ont les moyens de cette politique. L'avenir dira qui a raison.