La guerre ravage l’Ukraine depuis le 24 février. Le constat est désolant : exil, morts, destruction. Par l’invasion de son voisin au mépris du droit international, la Russie a offert aux gouvernements qui s’étaient jusqu’alors tenus en retrait de la folle course aux armements et de l’Otan un prétexte inespéré pour revoir leur politique. Un mot à propos de l’Otan : Vladimir Poutine refusait de voir grandir l’influence de cet organisme à ses portes avec l’adhésion de l’Ukraine. Depuis le début du conflit, il en est devenu un des meilleurs alliés puisque la Finlande et la Suède, pays neutres jusqu’alors, ont décidé de rejoindre l’Alliance atlantique, renforçant ainsi sa présence militaire sur 1 300 kilomètres de frontières. En Allemagne Olaf Scholz a promis de porter les dépenses consacrées à la défense à 2 % du PIB.
Jamais il n’y avait eu un tel emballement mortifère. La disparition de l’URSS et du bloc de l’Est n’a pas entraîné de désescalade. Bien au contraire. Les investissements dans les technologies et équipements sophistiqués sont chaque jour plus extravagants. Les grandes puissances et les royaumes pétroliers s’enferment dans une logique belliqueuse ; ils se projettent dans un monde qui serait menacé, selon eux, par des conflits d’une amplitude inédite. Pour y parer, ils ont pour seule réponse la guerre. Au point de préférer investir dans la mort plutôt que dans la santé, l’éducation, la transition écologique.
Cette dangereuse fuite en avant fait les affaires des industriels de l’armement. Depuis le début du conflit en Ukraine, les principaux groupes français, Thales et Dassault, ont vu leurs actions en Bourse s’envoler. Aux États-Unis, l’administration de Joe Biden n’en finit plus de faire des chèques et de livrer des armes à Kiev. Le complexe militaro-industriel, l’un des principaux piliers du capitalisme nord-américain, ne s’est jamais si bien porté. Après s’être insolemment enrichis ces dernières années en invoquant la prétendue menace chinoise, les Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics et autre Northrop Grumman vont voir leurs commandes gonfler à la faveur du déstockage des armes envoyées à Kiev et du réarmement allemand.
Les forces de frappe, les armes de dissuasion peuvent faire exploser mille fois la planète. Une seule suffirait à anéantir l’humanité.
Extraits tirés de Cathy Dos Santos sur www.humanite .fr