L'enjeu n'est pas de gagner quelques points de PIB ¬comme le laisse à penser l'utilisation du mot «crise » qui suggère qu'il s'agirait d'un moment à surmonter pour repartir comme avant - mais d'opérer une très vaste mutation de l'économie française au cœur de laquelle se trouvent des activités productives négligées depuis plus d'une trentaine d'années, en particulier l'industrie et l'agriculture. Cette industrie doit impérativement renaître. D'abord pour répondre aux besoins fondamentaux, ce qui implique de réduire notre dépendance aux importations. La crise sanitaire a montré le prix, en l'occurrence en vies humaines de la défaillance industrielle alors que nous n'avions ni masques, ni gel hydroalcoolique, ni réactif pour les tests... L'autre élément indispensable et inséparable de la réponse aux besoins est d'assurer la transition écologique. Ce double objectif est essentiel et le commissariat au Plan devrait être le lieu d'élaboration de cette stratégie de développement, et non pas de croissance économique.
La question clé est celle des engagements pris par les entreprises en contrepartie des financements qui leur seront attribués. Une politique publique doit s'évaluer et cela suppose des objectifs, un calendrier, l'affectation de moyens au fur et à mesure que des objectifs sont atteints. C'est tout le contraire d'un chèque en blanc.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR JULIA HAMLAOUI pour l'HUMA
Blog Le plan de relance qui accorde 35 milliards de cadeaux fiscaux aux multinationales sans contrepartie ne va pas dans ce sens.