Un avis pertinent sur la modernisation de Maera et l'eau bien commun

Lors de l'enquête publique préalable sur la modernisation de MAERA j'ai eu l'occasion de montrer que cette dite modernisation n'était en fait qu'un agrandissement de capacité visant à réduire les débordements polluants dans le LEZ sans qu'aucune mesure sérieuse en amont ne soit prise. Il parait acquis aujourd'hui à la lecture des affirmations de Mr le Président de la Métropole, Maire de Montpellier, que la modernisation du réseau unitaire du centre-ville (Écusson) à l'origine de ces débordements polluants intempestifs ne sera jamais réalisée puisque considérée comme irréalisable par celui-ci puisque trop onéreux en termes de cout/rentabilité.

Or compte tenu du temps d'amortissement des installations des réseaux concernés, environ 500 ans, il apparait difficilement compréhensible que les travaux nécessaires dans l'Écusson ne soient pas amortissables sur cette durée.

Pour ce qui est de réutilisation des eaux usées, appelée aujourd'hui REUSE, je ne partage pas le point de vue de Mr le Maire de Grabels ni celui de notre rapporteur.

En effet, la propagande des grands groupes de l'eau, ainsi que celle d'écolos irresponsables, veut faire passer le message que l'eau qui sort des STEP (Station d'épuration) est une "eau de bonne qualité". 

Si en effet l'essentiel des bactéries fécales a disparu ainsi que tous les virus sensibles aux UV, il n'en va pas de même du point de vue chimique. Tant du point de vue agricole (les consommateurs ont aussi des jardins) que pharmaceutique ( les Français se soignent et devinez où partent les résidus chimiques des traitements (antibiotiques, hormones diverses et variées… je laisse libre cours à vos connaissances) que ménagères (tous les toxiques issus de la chimie organique et non règlementée)

Donc, par exemple, faire de la REUSE dans le LEZ, couterait bien plus cher en pollution profonde du LEZ par un concentré de produits chimiques mal connus que le cout financier apparent aujourd'hui par apport de l'eau du Rhône. Même si celle-ci est également polluée par l'ensemble des STEP de son bassin versant de 90 000 km² en France, elle ne peut proposer une concentration comparable en produits toxiques du fait du débit du fleuve, dont l'eau est tout de même toujours déclarée impropre à la consommation humaine, par les services compétents.

La pollution que j'évoque est aujourd'hui dénommée par l'institution pollution par les micropolluants (que l'on connait mal)

La Métropole de Montpellier est bien consciente du fait puisqu'un bureau d'étude des micropolluants y a été créé, et que la seule personne qui y est employée y consacre une partie de son temps (avec quel budget ? : au prix que coutent les analyses pour la recherche de ces produits)

Donc dans la cadre d'une vision et d'une gestion patrimoniale de l'eau, bien commun à tous, je m'oppose avec vigueur à toute tentative visant à aggraver la qualité des nappes phréatiques surtout celles qui sont encore saines, à aggraver la qualité des eaux de surfaces et de leurs écosystèmes (j'espère un soutien des pêcheurs).

Dans la suite "l'eau potable" est l'eau traitée pour être rendue consommable quelquefois avec difficulté, "l'eau brute" est une eau qui n'a reçu ni traitement ni vérification cependant facile à utiliser pour d'autres fonctions.

La France ne manque pas d'eau potable ! La France manque d'eau potable pour avoir des pertes de 50% dans son réseau de distribution. La France manque d'eau potable pour remplir des piscines et arroser des jardins et des espaces verts. La France manque d'eau potable pour cultiver du Maïs dans un écosystème qui n'y est pas prêt. La France manque d'eau potable pour arroser des Golfs (qui sont légalement des "activités agricoles") La France manque d'eau potable pour laver ses 60 millions de voitures. La France manque d'eau potable pour laver ses rues. La France manque d'eau potable pour vider la cuvette des WC. La France manque d'eau potable pour… A vous de trouver la suite.

Sinon la France ne manque pas d'eau brute si elle n'est pas pillée par une agriculture imbécile.

S'agissant de la politique des grands groupes de l'eau, ils essayent de mettre en place le rocher de Sisyphe.

Imaginer leur projet : Il reste en France de trop nombreuses sources d'eau potable qui ne sont pas sous leur contrôle.

Premier temps, elles mettent en place la REUSE avec le soutien des politiques compromis et des écolos irresponsables. 

Deuxième temps, disparitions des ressources d'eau de "bonne qualité », grâce à la REUSE.

Troisième temps, disparition de tous les organismes publics de gestion de l'eau totalement incapables de fournir une eau de "bonne qualité" au moyen de traitements conventionnels.

Finalement, seul le consortium mondial de l'eau détient la capacité de produire une eau potable à qualité variable suivant le pouvoir financier de leurs clients.

Terminé le rêve de l'eau bien commun, vive le cauchemar l'eau pour ceux qui payent.

Ce qui me désespère le plus dans tout ça c'est de savoir que c'est nous qui aurons donné les moyens !

J  R (Pérols)