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19 janvier 2018 5 19 /01 /janvier /2018 08:21

Deux régimes de change cohabitent dans le système monétaire. Celui appelé «taux de change fixe»  où la valeur de la monnaie d'un pays est fixée par sa banque centrale, tout en étant indexée sur le cours d'une devise étrangère, appelée étalon. C'est le cas de la Chine.

Dans le régime du «taux de change flexible», la valeur de la monnaie ne dépend pas directement de celle d'une monnaie référence, mais plutôt de l'offre et de la demande sur le marché des changes, c'et à dire à la Bourse. Autrement dit, de la sacro-sainte loi du libéralisme, défendue notamment par les institutions de Bretton Woods, Banque Mondiale et FMI.  C'est le cas de la France et de  tous les pays dont la monnaie est convertible dans une banque. Mais les pays africains  ou latino-américains dont la vraie monnaie est l'euro ou le dollar , la monnaie officielle trop faible étant méprisée, sont exactement dans le même cas.

 Le capitalisme mondialisé a ainsi un outil de choix lui permettant  de contrôler l'économie mais aussi la politique  intérieure  d'un pays qui aurait des velléités d'indépendance.

.La convertibilité est la propriété d'une monnaie nationale d'être librement échangée. Ce qui n'est pas le cas de la plupart des pays en développement, comme le Maroc ou la Tunisie, où les devises étrangères sont appelées en arabe  «devise difficile».

 Par exemple L'Euro, le Dollar ou le Yen sont convertibles. Ils sont achetés partout et circulent dans le monde, en dehors de leurs territoires nationaux respectifs, parce qu'il y a un marché d'offre et de demande. Mais le seul marché du Dirham, c'est celui qui existe à l'intérieur du Maroc, qui a institué, depuis l'indépendance, un système de contrôle des changes, puisque les devises  qu'il peut obtenir sont très inférieures aux demandes internes, la monnaie forte chassant la monnaie faible. Les satisfaire détruirait la monnaie nationale. Un des avantages consiste à créer un noyau de privilégiés qui ont accès  aux devises et que nous nommons faute de mieux bourgeoisie compradore, ce terme étant né dans d'autres conditions. En tout cas une bourgeoisie qui n'a rien de national mais qui n'a aucune possibilité de jouer dans la cour des grands.  En somme des domestiques bien payés.

Mais cette situation laisse aux pays une marge de manœuvre par la dévaluation de la monnaie nationale et l'existence d'un marché intérieur où cette monnaie a de la valeur. On peut la fixer  à la louche à 10 % ou 20 %  des échanges, ce qui est peu mais pas rien.

 Au stade actuel du capitalisme rentier nous posons comme axiome à vérifier   que c'est devenu insupportable aux chasseurs de profit à 14 %.  

   Le Maroc   de 2018 nous apporte un début de réponse. Une  très  relative indépendance  financière   lui donnait une petite marge de manœuvre offrant à la bourgeoisie compradore des opportunités. Cela s'accompagnait bien entendu d'une corruption massive, de violences sociales mais le champ n'était pas entièrement libre pour le capitalisme rentier. Cette relative indépendance  devient impossible à tenir, c'est ce  que nos chiens de garde nomment " le déni des gouvernants   qui se refusent à prendre  les mesures nécessaires". Quand il  n'y a plus  d'autres moyens, la rente financière  leur coupant  les vivres, il faut bien sauter  le pas.

  Les dirigeants marocains savent ce qui va advenir. Pour sauver leur tête à court terme, comme jadis le Cardinal de Fleury qui dilapidait le trésor royal  au temps de la régence de Louis XV, ils invitent les sociétés marocaines à s'assurer auprès des banques contre la variation des taux de change qui pourrait impacter les bénéfices.  C'est se mettre à l'eau pour ne pas se mouiller. Et s'imaginer qu'il sera possible d'éviter les «dérapages» à l'égyptienne , à savoir une inflation de l'ordre de 30%,  est parfaitement ridicule , la queue n'ayant aucune possibilité de remuer le chien, comme on dit vulgairement. Pour acheter des dirhams lorsque  la banque centrale marocaine devra le faire pour lutter contre la dépréciation  où la banque trouvera-t-elle l'argent ?    En somme la finance qui vous étrangle volera à votre secours.

 La Chine, qui a 3.000 milliards de dollars de réserve a gardé sa monnaie  en partie non convertible et sous le contrôle de sa banque centrale. Elle ne l'a pas fait flotter. C'est le fondement de l'hostilité des capitalistes du monde pour ce pays tempérée par l'impossibilité de peser.  Le Maroc, dont la dette extérieure a atteint un record historique de 30 milliards de dollars, lui, aurait  la capacité  de la faire flotter..

   La boule de cristal est inutile pour prévoir les conséquences. La masse des Marocains n'ont aucun accès aux devises, sinon par la mendicité , les marges du tourisme , le trafic illicite et les sommes qu'envoient (heureusement) les Marocains d'Europe. Le dirham monnaie de singe s'effondrant les prix internes monteront. Le régime a intérêt à construire encore plus de prisons  et le panier de la ménagère prendra un coup de chaud.

    Mais le véritable objectif sera atteint, une main d'œuvre payée en dirhams de moins en moins coûteuse et des délocalisations de plus en plus rentables.

   La situation du Maroc est donc prérévolutionnaire au Rif qui attaque de plein fouet ces orientations

.

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commentaires

S
Sauf qu´il tient toujours le bonhomme de Dirham !! <br /> <br /> les appelations Monnaie de singe , la mendicité sont péjoratifs et non digne d´un analyste de vraie renommée !<br /> article d´amateur !
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P
Je souhaite que le dirham résiste et le terme devise difficile n’est pas de moi. Celui qui annonce la mauvaise nouvelle n'est pas coupable. De nous deux c'est l'avenir qui dira qui a raison, et c'est très bien comme ça. Personnellement je souhaite m'être trompé mais je ne le crois pas. Henri Ausseil

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