Pour Cicéron et les patriciens romains les esclaves étaient fainéants, voleurs, fourbes, et ne comprenaient que le fouet. C'est pourtant eux qui gratuitement créaient la richesse dans leurs immenses propriétés
les seigneurs féodaux tiraient leur puissance et leurs revenus de la paysannerie grâce aux prélèvements divers et variés : les corvées, une gerbe sur treize, le four, le moulin ,le pressoir du seigneur obligatoires (et payants), une taxe sur les mariages, une taxe sur les héritiers, les péages entre autres. Les mots dévalorisants traduisant le mépris du dominant pour le dominé étaient légion : rustres, jacques (quand ils se révoltaient), manants,croquants, et d'autres encore pires. Ces paysans avaient aussi tous les défauts, braconniers, artistes dans la confection de gerbes plus petites pour le seigneur, tricheurs invétérés dans la quantité de pains cuits, fainéants lors des corvées (travail gratuit sur les terres appartenant en propre au seigneur dont il conservait toute la récolte), rechignant bêtement au droit de cuissage qui permettait au seigneur d'étrenner la mariée, honneur considérable, tuant sournoisement les pigeons du seigneur venant manger leurs grains et tant d'autres méfaits inhérents à leur nature imparfaite.
Macron, avec sa tirade sur les fainéants , a donc des ancêtres illustres. Cela a le mérite de le situer, lui si bien élevé à la télé. Dans la guerre de classe, comme dirait Monique Pinçon- Charlot, il se situe du même côté.
Henri Ausseil