Il existe majoritairement dans les têtes des gens de gauche une vision superficielle de ce qui se passe au Venezuela : un affrontement politique droite -gauche , pour le plus grand profit de Trump. Cette vision n'est pas fausse mais n'est qu'un constat. Elle n'explique rien.
Chavez a redistribué des sommes considérables de l'Etat vers le peuple, contrairement aux pratiques de ces prédécesseurs . La pauvreté et l'analphabétisme oint reculé, Mais la vraie question , toujours occultée est : comment ces avancées ont-elles été financées? Le Venezuela n'a produit aucune richesse supplémentaire, c'est la rente pétrolière qui a tout payé. Et Chavez en plein conflit avec les USA leur vendait le pétrole et leur achetait l'essence nécessaire au pays.
La suite est connue : l'effondrement du prix du pétrole a privé Maduro de toute marge de manoeuvre. Il est une sorte de Hollande qui exhorte sans succès le grand capital d'être raisonnable, pendant que le peuple ne le soutient plus assez.
Dure leçon pour nous. Séparer les acquis sociaux de la manière de les financer est une erreur..Un aménagement fiscal faisant payer les riches n'a manifestement pas suffi au Venezuela. L'indépendance économique réelle, une monnaie qui ne soit pas une arme pour le capitalisme rentier, la création d'une industrie venezuelienne satisfaisant les besoins de la population , la fin de le rente pétrolière qui n'est qu'un moyen de vendre une matière première, la valorisation des produits issus du pétrole ont cruellement manqué.
Nous aurions tort de ne pas en tirer pour nous les leçons. Avec des modalités différentes nous nous heurterons au même problème dans la voie du dépassement. Accepter la désindustrialisation aujourd'hui nous désarmerait demain. Le capital financier peut fuir facilement , pas les outils de production.
Henri Ausseil