Au XVIII° siècle la révolution s'est annoncée dans les campagnes françaises d'une manière peu connue. Les villages regorgeaient de braconniers. Un braconnier n'est pas un voleur puisque le gibier n'appartient à personne. Mais il enfreint une loi féodale : seul le seigneur a le droit de chasse et a des prisons pour les contrevenants. Ses garde-chasses sont haïs. Dotés de grands pouvoirs ils profitent aussi du droit de cuissage pour fermer les yeux lorsqu'un mari s'est fait prendre. Durant des siècles ce système a été accepté. Et puis à partir de 1720 de plus en plus de gardes-chasse sont morts inexplicablement dans la plus stricte omerta.
Vu d'un point de vue légal, il s'agissait de crimes de droit commun et non politiques. Et le privilégié était le vrai responsable, pas son domestique. Mais comme signe de non acceptation de ce privilège, c'était très politique et avant coureur de la remise en cause de privilèges beaucoup plus importants.
Pourquoi parler de ça aujourd'hui ?
Les DRH (souvent femmes) sont en quelque sorte les garde-chasses d'aujourd'hui. Responsables de rien, puisque ils n'ont pas voix au chapitre lors des grandes décisions, ce sont eux qui les appliquent au niveau des salariés. Longtemps sans grand dommage. Les victimes persuadées de leur incapacité, l'acceptation de l'inévitable, la possibilité de retrouver du travail faisaient des DRH un rouage sans plus.
Les temps ont changé et brutalement l'inenvisageable se produit. Deux directrices sont assassinées. Je vous laisse réfléchir à votre aise sur cette nouvelle preuve que le capitalisme perd la bataille des idées. D'autres y verront avec raison la preuve qu'on confie aux femmes les tâches les moins agréables mais ce n'est pas ici notre propos.
N'allez pas imaginer que le blog prône l' assassinat des DRH. Ils sont remplacés et tout reste comme avant. Mais il y a de quoi donner à réfléchir à tous les exécutants de la sale politique du fric d'abord. Il est grand temps qu'ils prennent en compte le malheur des autres s'ils ne veulent pas être les boucs émissaires d'un combat qui n'est pas le leur. Pour ceux qui croiraient au fait divers nous posons la question. Pourquoi pas avant?
Henri Ausseil