En 2021  les États-Unis ont imposé un embargo  sur les armes à destination du Cambodge en raison  d'un  projet de port militaire  construit par les Chinois dans le golfe stratégique de Thaïlande (officiellement pour les Cambodgiens ).

Des responsables chinois et cambodgiens ont inauguré le 8 juin la construction de la base navale cambodgienne de Ream dans le golfe de Thaïlande, Elle comprendra une nouvelle cale sèche pour la réparation des navires, une jetée agrandie, un hôpital, un atelier et un bâtiment de réception.

Autrement dit l'embargo  a poussé le Cambodge dans les bras de la Chine. Une nouvelle preuve si c'était nécessaire qu'il va bien falloir admettre que le monde est multipolaire.

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 France Inter découvre  que l'Occident n'est pas le monde. La radio  rend compte d'un entretien au magazine Time  où Lula  critique vertement le président ukrainien Zelensky et les Occidentaux. Il les juge en partie responsables de la guerre.    Et ça secoue le cocotier, parce que Lula prend le contrepied de l’image d’un Zelensky devenue une icône de la résistance légitime à l’invasion russe. La charge est violente : « Ce type, dit Lula, à propos de Zelensky, est aussi responsable de la guerre que Poutine ».

L’attaque en règle vise aussi les Occidentaux : Lula dénonce la responsabilité des États-Unis et de l’Union Européenne. « Vous auriez dû dire tout de suite : l’Ukraine n’entrera pas dans l’Otan. Il n’y aurait pas eu la guerre ». Le point de vue de Lula n’est pas isolé. Il est même représentatif du regard porté sur le conflit par une grande partie du monde non occidental.  On l’a déjà souligné ici : à part les Occidentaux, presque personne n’a adopté de sanctions contre la Russie.  En Amérique Latine en particulier, les dirigeants de gauche sont très réticents à critiquer Moscou.

Surtout, les gauches latino-américaines sauf au Chili  demeurent d’une méfiance absolue vis-à-vis de Washington. Et donc de l’Otan, perçu comme son bras armé.

Les cicatrices liées au soutien passé des Etats-Unis aux dictatures militaires en Amérique du Sud ne sont pas refermées. Et de nombreux dirigeants, dont Lula dans cette interview, rappellent l’illégitimité de l’intervention américaine en Irak.

Bien entendu ,effrayée de son audace France Inter  pour terminer  retrouve ses classiques.  C'est pour des raisons électorales que Lula fait de l'anti américanisme. Et oublie au passage que Bolsonaro ne suit pas l'occident sur l'Ukraine.

 Nous en donnons pour preuve cet extrait. pour l'entretien complet https://scheerpost.com/2022/06/03/patrick-Lawrence-robert-scheer-can-the-us-handle-a-multi-polar-world/    

Patrick  Lawrence est un correspondant aux Etats-Unis  qui a couvert la politique mondiale pour le légendaire International Herald Tribune et d'autres grands organes d'information pendant plus de trois décennies.  Ils considère que le monde est devenu multipolaire. C'est un changement de pouvoir, dit Lawrence à Scheer   pro Biden dans un débat , auquel l'Amérique est déterminée à résister par des politiques agressives qui mettent en danger la paix du monde à cause de l'arrogance de notre chauvinisme national débridé.  Nous devons voir les sociétés comme elles se comprennent elles-mêmes. Il n'est pas nécessaire que nous approuvions. Je ne pense même pas qu'elles se soucieraient que nous le fassions ou non, mais il est nécessaire que nous les comprenions selon leurs propres termes."

Il place les États -Unis devant leurs contradictions

Scheer vient de lui dire et il  en est  d'accord  que  l'intention américaine déclarée en 1945 était d'amener le monde dans une grande ère de prospérité, de bien-être matériel, de relever les nations sous-développées, les pauvres et tout cela.     Pourquoi alors  ne pas applaudir  à l'essor de la Chine,  de l'Inde, du Pakistan, du Brésil, des Sud-Africains, et ainsi de suite, ne sommes-nous pas censés applaudir cela comme étant exactement ce que nous voulions voir et ce que nous avons entrepris d'engendrer il y a sept décennies et quelques ?

Réfléchissez à cela. La réalité est que nous ne pouvons pas le supporter. Nous ne pouvons tout simplement pas imaginer un monde qui repose sur quelque chose qui ressemble de près ou de loin à la parité. Une des choses que vous venez de mentionner, ça m'a frappé, c'est que Poutine doit être fou. J'adore certains de ces trucs. C'est tellement amusant et amer. Poutine doit être fou. Ses généraux ne lui disent pas ce qui se passe. Le peuple russe ne l'aime pas, ils sont contre la guerre. Entre parenthèses, il a un taux d'approbation de plus de 80% à ce stade. Et Xi, Xi est un homme de pouvoir. C'est un tyran, et cetera, et cetera.

Le fait est que nous ne pouvons pas permettre à ces dirigeants d'avoir la moindre pensée rationnelle. Nous ne pouvons pas permettre, nous ne pouvons pas laisser nos esprits entrer dans l'idée que ces personnes agissent de manière rationnelle dans l'intérêt de leurs pays. C'est ce que nous observons et lisons chaque jour avec ces caricatures de Vladimir Poutine, Xi Jinping et autres dirigeants de ce type.

Lawrence est désormais  interdit sur les réseaux sociaux par les propriétaires de ses réseaux, pratique qui se développe aux USA. Mais les idées cheminent malgré la censure , et selmble-t-il plus aux Etats- Unis que dans nos médias.

L'homme réaliste des accords de Camp David qui au temps de l'hégémonie américaine avait imposé à Israël de rendre le Sinaï s'est exprimé à Davos. Il est indiscutablement pro occidental (c'est lui qui a mis en place Pinochet)  mais tient compte du monde désormais multipolaire.

Il  a donné devant le G7  des "conseils réalistes" afin qu'une solution au conflit soit trouvée le plus rapidement possible, avec peu de dommages pour les parties concernées (c'est à dire les Etats-Unis  car ce ne sera pas le cas pour l'Ukraine dont il se moque au fond). Pour lui  l'Europe doit cesser de croire à une défaite des forces russes en Ukraine, et   les effets d'une telle insistance seraient désastreux pour elle. Il a  même suggéré que l'Ukraine cède une partie de son territoire, afin de parvenir à un accord de paix dans ce conflit.

« Les négociations doivent commencer dans les deux prochains mois avant que cela ne crée des bouleversements et des tensions qui ne seront pas facilement surmontés. Idéalement, la ligne de partage devrait être un retour au statu quo ante (…) Poursuivre la guerre au-delà de ce point ne concernerait pas la liberté de l'Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même »,

Donc  Kiev doit accepter les conditions de paix de la Russie et reconnaître les nouvelles républiques souveraines et la Crimée russe.

Évidemment l'Ukraine est abasourdie. Mais dans  le monde occidental, le New York Times avait publié un article au contenu très similaire, exposant qu'il "appartiendrait aux Ukrainiens"de prendre des décisions difficiles au nom de la paix : " ce sont eux qui se battent, meurent et perdent leurs maisons à cause de l'agression russe, et ce sont eux qui doivent décider à quoi pourrait ressembler une fin de guerre (…) Si le conflit débouche sur de vraies négociations, ce seront  les dirigeants qui auront à prendre les douloureuses décisions territoriales qu'exigera tout compromis ». En fait, alors que la guerre est perdue  pour Kiev,  comme le blog l'avait prévu, une partie des milieux d'affaires de la haute finance conseille  à l'occident d'abandonner  l'Ukraine comme il a abandonné l'Afghanistan.

Il convoque à Washington Vendredi 13  mai le sommet de  l'ASEAN  l'accompagnant d'une  aide annoncée de 150 millions de dollars  destinée "à la coopération en matière de sécurité maritime en mer de Chine méridionale" c’est-à-dire à l'encerclement  de la Chine.

.Les États-Unis ont également lancé de nouvelles initiatives pour aider les pays de l'ASEAN à "lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée", ce qui cible la Chine.

Le désir d'entraîner l'Asie du Sud-est derrière les  États-Unis  est évident. Il s'agit de faire ce qui réussit en Europe contre la Russie.

L'ASEAN n'est pas l'OTAN

Le dollar américain intéresse . Plusieurs dirigeants ont exprimé leurs attentes concernant la coopération économique, infrastructurelle et technologique avec les États-Unis, mais  pas sur les questions de sécurité. Le Premier ministre cambodgien Hun Sen a déclaré après son arrivée à Washington que le Cambodge ne choisirait pas entre la Chine et les États-Unis. "Que vous me forciez ou non je refuserai", a déclaré jeudi Hun Sen, selon le Phnom Penh Post.

L'Asie du Sud Est  a  besoin de chemins de fer et  d' autoroutes. Lors d'une rencontre avec des représentants d'entreprises et des responsables américains jeudi, le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a exhorté les États-Unis à renforcer la coopération avec l'ASEAN dans des domaines émergents tels que la technologie numérique, la facilitation des échanges et les chaînes d'approvisionnement.

Le Premier ministre malaisien Ismail Sabri Yaakob a dit la même chose. En comparaison l'aide  promise par  la Chine est de 1,5 milliard de dollars  et  n'inclut pas le militaire.

Selon une version préliminaire "obtenue" par PBS World thaïlandais, la déclaration conjointe finale  réaffirmerait le respect de la souveraineté  de chacun et appellerait à des efforts humanitaires. Pas du tout ce que souhaite Biden.  On retrouve ici la problématique africaine  du Mali et du Cameroun.   L'alternative en réalité est mondiale , et l'isolement occidental presque total . C'est le refus du néo-colonialisme.