La fétichisation (terme de Marx) est l’opération extraordinaire de l’esprit humain qui transfère la richesse produite par le travail sur un bout de métal précieux ou de papier garanti par une autorité incontestable. Généralement perçu comme mauvais à gauche ( il masque la captation par le puissant d’une partie de la richesse produite et fait croire que c’est la monnaie qui crée la richesse) ce phénomène est à l’origine d’un formidable bond en avant de l’humanité .
En France l’euro est le passage obligé vers l’objet ou le service convoité. Il n’en est pas de même à Cuba. Dans un contexte de blocus terrible des USA et de faible productivité du travail la monnaie ouverte à tous n’ouvre qu’à une situation de pénurie. La force des choses a conduit à tolérer deux autres monnaies , un peso convertible plus ou moins aligné sur le dollar (qui n’est accessible qu’aux cubains ayant un contact avec l’étranger) et le dollar ou l’euro bien entendu. Cette situation crée d’énormes problèmes : marché noir, corruption, influence néfaste des Cubains de Miami, caste d’apparatchiks. Les cubains ont manifesté une extraordinaire résistance à cette situation difficile , la solidarité et la débrouillardise permettant de tenir le coup.
C’est donc avec un énorme plaisir que nous avons appris que Cuba allait passer à une monnaie unique pour tous. Entendons-nous bien : les dirigeants savent depuis le début que ce système est mauvais. Ce que nous devons comprendre c’est qu’il est maintenant possible de le faire. Les réformes engagées ont bouleversé la productivité, en même temps que les USA perdent de leur capacité de nuisance. Cuba n’est plus seule. La pénurie diminue jusqu’à extinction , le marché noir et la corruption deviennent faciles à extirper.
Tous ceux qui luttent pour un monde meilleur ne peuvent que s’en réjouir.