Police municipale omniprésente dans le centre-ville, PC mobile de sécurité sur le cours Gambetta, création future d’une police métropolitaine des transports et récemment, la traque aux deux-roues dans l’Écusson. L’opération avait pour but d’aligner les livreurs de repas en scooter, pour la plupart étudiants, donc précaires, qui ont dû s’acquitter d’une amende de 135 €. L’élu, dans la foulée, a essuyé les plâtres face aux critiques de syndicats, militants associatifs et élus d’opposition ; ce qui semble-t-il ne lui a pas posé de problème. Il s’est retranché derrière l’arrêté d’interdiction qui existe déjà en la matière interdisant les deux-roues dans l’Écusson. La brigade « Scoot » Yard est née.
Livreurs de repas maillons faibles ?
En janvier dernier, une pluie d’amendes est venue s’abattre sur une flopée d’entre eux, provocant l’ire des représentants de la gauche radicale et, dans la foulée, l’autosatisfaction de Sébastien Cote, satisfait du devoir accompli. « Hier soir, en une heure, 18 verbalisations dans l’aire piétonne pour circulation non autorisée de scooters au préjudice des riverains », avait tweeté l’adjoint à la sécurité, précisant quelques semaines plus tard dans les colonnes du métropolitain : « Je ne laisserai pas dire que la police municipale de Montpellier fait la traque aux précaires. » Pour l’heure, selon Alenka Doulain interrogée sur le sujet, c’est statu quo. Aucun accord ne semble avoir été trouvé. .. Un arrêté d’interdiction des scooters de rouler dans l’écusson est en effet en vigueur ; et à cette interdiction sont venues s’agréger les plaintes récurrentes d’un consortium de riverains excédés par les nuisances qui ont exprimé leur ras-le-bol au maire et à son adjoint. Une riveraine rue Marceau explique : « Il y a un va-et-vient permanent le soir après le couvre-feu. C’est très bruyant et amplifié le week-end. Après, je suis consciente que ces jeunes doivent faire leur boulot ; l’idéal serait qu’ils puissent rouler en scooter électrique. D’autant que cette rue draine déjà un public de dealers. Même si la police veille quotidiennement, les contrôles de nuits restent insuffisants. Pour moi, il y a trop de laisser-aller. »
Restaurateurs absents du débat ?
Pourtant, sans eux, impossible pour les restaurateurs de faire un peu de chiffre d’affaires: "Si nous survivons, c’est aussi grâce à la vente à distance. Alors, s’en prendre comme ça aux jeunes qui nous permettent encore de pouvoir un peu travailler, ce n’est pas cohérent."
Ce que confirme aussi Robert Kissous, président de l’association Rencontre Mars (SIC): « Au final, les restaurateurs se retrouvent pris entre l’enclume et le marteau. Pour les livreurs, c’est un peu pareil. D’ailleurs, ces plateformes ne sont pas bêtes, elles viennent s’installer dans des villes étudiantes où la main-d’œuvre est facile à trouver et rapide à remplacer. » À l’instar de Victor, étudiant en première année d’architecture, une main-d’œuvre cible. Le soir, trois fois par semaine, sac à dos labellisé Deliveroo payé 80 € de sa poche, il livre des repas en scooter. « Pour que ce soit rentable, il faut que je livre au minimum une dizaine de commandes » explique l’étudiant. Comme lui, ils sont nombreux, tous les jours, à arpenter les rues de la ville où vélos, scooters, trottinettes s’entrecroisent et slaloment sur le bitume au milieu des passants. « On fait ce boulot faute d’avoir trouvé mieux, explique Victor, la crise du Covid ne nous laisse pas trop le choix. » Même s’il sait que ces plateformes sont borderline avec le droit du travail, il n’a pas eu d’autre option que de choisir entre la peste et le choléra. « Le prix de la course n’est déjà pas mirobolant, alors il faut aller vite. À vélo, vous perdez du temps, explique le futur architecte, pour le coup, ça m’a fait réfléchir. Si je dois prendre une prune quotidiennement, il vaut mieux que j’investisse dans un vélo électrique. » Ce qu’il a fait, mais avec l’aide financière de ses parents. « J’ai fait un petit emprunt à mes parents. Le reste a été financé par l’aide que propose la métropole. » Les exemples, à l’image de Victor, sont pléthoriques. Et la politique du maire en la matière prend soudain des allures de double peine. Ce que confirme Annie Salsé, à l’origine de la pétition sur le site change.org, qui sollicite la grâce de l’édile afin d’annuler purement et simplement les amendes. 10 800 signataires l’ont déjà signée. Mais au-delà de la politique répressive de Michaël Delafosse et de son adjoint, la militante CGT espère qu’à terme, les livreurs arriveront à se structurer au sein d’un syndicat, pour exister et défendre leur statut. D’autres villes se sont prêtées à cet exercice disciplinaire, à l’instar de Nantes, qui devrait emboîter le pas à Montpellier dès le mois de juillet.
Audrey Prieur
Le blog : Kissous n'est pas astronome mais président de Rencontres Marx.
Quant à la tirade sur les scooters électriques , fort chers, elle nous rappelle invinciblement Marie Antoinette qui propose au peuple sans pain de manger de la brioche.
Malgré ce comique involontaire l'article est bien informé. Les mots soulignés le sont par le blog