«Force est de constater qu’après l’esclavage, la colonisation, les pseudo-indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres, mais seulement au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore, en octobre 2019, sous le contrôle de la France.»
Ces paroles sont les nôtres, celles du PCF jugeant la Françafrique, celles de Patrice Lumumba ou de Ben Barka et de la cohorte de révolutionnaires du passé.
Mais le PCF n'a pas pesé assez lourd , et les révolutionnaires ont tous été assassinés ou ont viré de bord pour devenir des dictateurs aux poches remplies par les valises bourrées de fric décrites par Orsenna pour le Mali. Depuis, les élections truquées et l'exacerbation des conflits ethniques maintiennent l'Afrique dans sa situation de pourvoyeur de matières premières chères à prix bradés. Ou plutôt maintenaient.
Les propos qui ouvrent l'article ont été prononcés devant un parterre de chefs d'état à Sotchi lors du sommet Russie Afrique d'octobre par Nathalie Yamb , une africaine. A Davos ou au G7 ils auraient été imprononçables, des incongruités.
Soyons clairs, les capitalistes russes ne sont pas différents des capitalistes français, tout aussi avides de profit. Mais tard venus à la table du festin, ils doivent plus que les autres tenir compte des réalités et accepter la parole de Nathalie Yamb. Nous n'avons pas la moindre illusion sur la qualité des applaudissements dans cette enceinte, du genre cause toujours.
Mais le monde avance : ces propos que Nathalie Yamb tient depuis vingt ans ont eu tout à coup une fantastique résonance dans l'Afrique d'aujourd'hui. Lorsqu'elle explique que l'Afrique est riche de sons sous sol et que ses jeunes vont mourrir en mer ou croupir dans les prisons européennes, tout à coup, des centaines de milliers d'Africains qui ont accès à internet , en attendant les millions qui n'y ont pas encore accès , réalisent qu'elle est leur porte parole. L'hégémonie pesante qui a inculqué la supériorité du blanc explose autrement qu'en vaines révoltes.
Le XXI° siècle sera le siècle des lumières de l'Afrique, qu'on se le dise, et les justifications du Quai d'Orsay qui se voit contraint de répondre à cette inconnue sont risibles. Les accords militaires qui font de l'armée française la vraie armée de la Françafrique n'ont aucun effet économique et garantissent la liberté des peuples ! Il est grand temps d'abandonner toute arrogance et de construire des relations gagnant-gagnant, sinon la France disparaîtra de l'Afrique francophone.
HA