Ce sondeur fait dans l'Huma du 26 novembre une analyse de la situation d'une grande valeur. il a parfaitement compris que la pertinence de l'opposition gauche droite avec le PS hégémonique qui a longtemps structuré notre société a perdu de sa valeur. Il a pu mesurer que 40 % de l'électorat socialiste est attiré par Macron donc par le libéralisme.
Son autre analyse est tout aussi pertinente. Le clivage gauche droite a été remplacé par le clivage libéralisme-antilibéralisme , soit un antagonisme de classe.
Mais quand on se projette sur l'avenir Jerôme Saint Germain perçoit l'histoire comme immobile.
* le vote front national est vécu comme éternel alors qu'il est l'expression de l'absence d'espoir, mis à part un nombre limité de vrais fascistes. Pourtant cet électorat a voté autre chose avant de voter le Pen.
* La stratégie de Macron, profitant de la division de la "gauche" et du poids de Le Pen, doit lui donner la victoire comme candidat par défaut. Cela paraît inéluctable. Plus grave, il semble considérer les choix de la gauche sur l'immigration comme des erreurs stratégiques , alors que l'espoir peut transcender la peur de l'autre.
* Macron est l'anti new deal, aucune concession ne sera faite sur rien pour préserver les dividendes, particulièrement en direction des couches populaires.. Mais dans la réalité, lorsque le mouvement est puissant, dés aujourd'hui, il lâche du lest et désobéit à l'Europe.
L'époque est à des mutations profondes. Le camp des anti libéraux actuellement minoritaire va grossir avec des apports venant de tous les côtés : ouvriers et employés avec ou sans emploi retrouvant la conscience de classe après avoir voté Le Pen, secteurs des couches moyennes y compris supérieures laminées par l'implacable capitalisme de la rente , membres de l'appareil d'état qui refuseront le rôle qu'on veut leur faire jouer, demi privilégiés qui perdent leurs privilèges, sans parler de l'immense réservoir de l'abstention.
Et lorsque le sondeur affirme que 50 % des Français et Françaises peuvent voter Macron ou Le Pen il éjecte les 50 % qui ne votent pas, comme si cette abstention était gravée dans le marbre.
Rien n'est acquis ou interdit et avant qu'un évènement se produise il a toujours paru impossible. En 1930 la sécurité sociale pour tous paraissait une utopie irréalisable. En 1945 elle a été réalisée. Tout est affaire d'espoir et de rapport de forces.
Mais Sainte Marie aura raison si la gauche antilibérale continue ce qu'elle fait aujourd'hui , se diviser et désespérer, tournant le dos au rassemblement.