S'imaginer qu'on peut traiter le problème des transports à part est aussi absurde que de vouloir régler le problème des quartiers difficiles à part. L'essor du tout camion n'a rien à voir avec l'état des routes ou le progrès des moteurs.
Au stade actuel du capitalisme le profit l'emporte sur toute autre considération. Les PME sous-traitantes de plus en plus nombreuses et présurées (la grande industrie a émigré ailleurs) ne peuvent se permettre d'avoir du stock, qu'il s'agisse des pièces détachées nécessaires ou des marchandises une fois fabriquées ou réparées. Le flux tendu est la règle. Le rythme de la voie ferrée ou du canal, plus lent, convient aux marchandises lourdes et de faible valeur. Les containers sont un progrès mais ne favorisent que les très gros acheteurs comme les grandes surfaces. le camion rapide et souple l'emporte partout, quel que soit le coût écologique qui d'ailleurs ne pèse pas sur les utilisateurs mais la collectivité.
Prendre des mesures pour augmenter le fret ferroviaire ou fluvial en négligeant cet aspect majeur est condamné à l'échec. Sécuriser les PME en leur donnant des banques qui assurent les financements stables et permettent de supporter un stock , tout en rendant inutile l'intérim est tout aussi important (et même beaucoup plus) que des subventions qui pèsent sur les contribuables. La qualité des produits et la santé des salariés y gagneraient, notre air aussi. L'écologie n'est pas un secteur indépendant de la vie économique. Et les retours en arrière ne sont pas des progrès.
Henri Ausseil