Rien ne symbolise mieux notre époque que ce procès intenté par l'ancienne résistante vietnamienne Tran To Nga à 19 entreprises dont Monsanto et Bayer.
Pendant des années la puissance impériale a déversé sur le Vietnam l'agent orange destiné à empoisonner l'eau dans laquelle vivait le poisson révolutionnaire, c'est à dire les rizières lui procurant sa subsistance.
Mais lorsqu'on est la puissance mondiale incontestable le crime est impuni. Les seuls ayant obtenu satisfaction sont les fantassins américains de terrain, le poison les frappant comme la population.
Il aura fallu que cette puissance trouve aussi puissants qu'elle pour que la peur s'efface. Longtemps le Vietnam a eu plus à perdre qu'à gagner économiquement à dénoncer le génocide.
Ces temps sont révolus. Comme le disait Albaladéjo quand le rapport de forces s'inversait lors d'un match de rugby, les mouches ont changé d'âne.
Bayer fournisseur des gaz des camps de la mort, qui a été blanchi par les nécessités de la guerre froide va désormais se sentir bien démuni. Il va falloir payer pour les morts, les enfants infirmes, les sanglots et la souffrance d'un peuple martyr. Et Monsanto n'aura pas que les OGM à expier. Il y a quelque chose de réconfortant, à notre époque de monstres mous, de constater qu'un jour ils paieront, qu'un jour l'omerta cessera.
Et qu'ils seront frappés là où ça fait le plus mal, le dollar chéri.
Vive le peuple vietnamien.